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Guillaume Cairou – Club des Entrepreneurs : « Le gouvernement a son mot à dire sur les cessions d’entreprises stratégiques »

Guillaume Cairou – Club des Entrepreneurs : « Le gouvernement a son mot à dire sur les cessions d’entreprises stratégiques »

Entrée en vigueur la semaine dernière, le décret Montebourg prévoit permet à l’Etat de s’opposer à la prise de contrôle d’une entreprise s’il elle se trouve dans un secteur dit « stratégique » comme la télécommunication, le nucléaire, l’énergie. Pour Guillaume Cairou, président du Club des Entrepreneurs et président de Didaxis, l’État a en effet son mot à dire mais ne doit pas céder au protectionnisme.

Atlantico Business : Le décret Montebourg reçoit un accueil mitigé dans le milieu patronal. Quel est votre sentiment ?

Guillaume Cairou : En tant qu’entrepreneur j’estime que le gouvernement a effectivement son mot à dire sur les cessions d’entreprises dans les secteurs stratégiques. Il en va de la compétitivité économique de la France et pas d’une simple entreprise sur laquelle pèsent des emplois et des transactions financières. On ne peut pas se laisser piller nos trésors nationaux sans aucune possibilité d’action. La France souffre aujourd’hui d’un grand mal, ce que l’on a peu d’entreprise à l’international et, sur les 10 grands leaders mondiaux, qui font partie du top 100, on devrait s’en séparer d’une ?

Au moment où la France a perdu 34% de part de marchés ç l’international ? Nous ne pouvons pas être les dindons de la farce. Cependant, il ne faut pas que cela incite l’État, les entrepreneurs à se replier sur soi et à faire du protectionnisme. On doit pouvoir tirer profit de la situation, l’État doit pouvoir y contribuer : non pas comme un tuteur mais comme un facilitateur.

Protéger sans faire de protectionnisme, un peu compliqué non ?

Le décret doit être simplement la pierre angulaire d’un véritable arsenal offensif qui doit permettre à de nouveaux champions mondiaux de naitre. On ne doit pas se séparer de ce que nous possédons mais il faut aussi penser à l’avenir et permettre aux PME de croissance de pouvoir se développer. Cela veut donc dire davantage préparer la compétitivité future de la France. Le problème, c’est que nous n’avons plus de leader mondiaux. Le secteur industriel français est aujourd’hui malade. Sur ce secteur, repose des centaines de millier d’emploi. Rappelons que la destruction des emplois en 2013, et les 24.000 du premier trimestre 2014, sont essentiellement liées à la désindustrialisation de la France. Enfin, notons que ces dispositifs existent déjà en Allemagne, en Italie et même aux USA. Si nous allions dire aux américains que l’on rachetait Boeing, il nous rirait au nez et ils auraient raison.

Quel doit être le rôle du gouvernement selon vous ?

Il doit permettre à nos entreprises de retrouver de la marge pour qu’elles puissent fonctionner. Le problème aujourd’hui, c’est que nos entreprises dégagent une marge moyenne de 22% contre 41% en Allemagne. Nos entreprises sont à la fois en perte de vitesse et en baisse de valeur : nous sommes à la merci du monde entier. Il est donc urgent d’intervenir sur de nombreux domaines. D’une part le coût du travail, les entreprises sont asphyxiés il faut leur donner à travers le pacte de responsabilité l’oxygène dont elles ont besoins pour se développer. D’autre part, la simplification de la vie des entreprises qui est un autre chantier et qui doit avancer au plus vite : nous avons tout de même un code du travail de 3300 pages, des contraintes fiscales et réglementaires que l’on a du mal à stabiliser.