Guillaume Cairou, président de la Chambre de commerce et d’industrie des Yvelines, vice-président de la CCI d’Ile-de-France et président du Club des entrepreneurs, vous livre ses conseils pour céder votre entreprise dans les meilleures conditions.
Après tant d’années consacrées à la réussite pas à pas de votre projet, vous ressentez l’envie de passer la main. Mais transmettre une activité est loin d’être chose aisée, un manque de préparation pouvant conduire à la fermeture de votre entreprise faute de repreneur. Voici huit conseils pour vous accompagner dans la cession de votre entreprise au meilleur prix.
1. Mûrissez votre décision
Transmettre votre entreprise nécessite du temps, des efforts… et surtout de vous séparer de votre bébé ! Le cheminement de la décision de cession doit se faire sur le temps long, sur plusieurs années si possible. Posez-vous les bonnes questions : est-ce moi qui souhaite passer à autre chose ? Ou est-ce principalement une pression exercée par mon entourage ? Devrais-je céder mon entreprise à un salarié, à un proche ou à un tiers ? Que ferai-je après avoir transmis mon activité ?
Établissez en parallèle un véritable calendrier de la cession : combien de temps vous consacrerez à la recherche d’un repreneur, quelle date limite vous vous fixez pour réaliser la transmission, etc. Veillez dès cette étape à prendre en compte les futures actions d’information de vos équipes, obligatoires depuis la loi Hamon de 2014 pour les entreprises de moins de 250 salariés : vos employés doivent pouvoir vous proposer une offre de reprise. Ne négligez pas, dans votre calendrier, la prise en compte des possibles couacs survenant au cours du processus et entraînant des retards. Une fois votre décision prise, lancez l’opération en ayant toutes ces étapes en tête.
2. Déterminez le moment et le mode de cession opportuns
Vous avez longuement réfléchi et souhaitez franchir le pas de la cession. Il reste à déterminer le moment propice à un tel changement, pour vous, pour votre entreprise et pour vos salariés. Le plus avantageux est de mettre en route le processus de transmission dans un contexte économique favorable, par exemple immédiatement après l’arrivée de nouvelles commandes de long terme, pour présenter à l’acquéreur futur une entreprise en bonne santé.
La méthode de cession est aussi importante. Vous pouvez décider de céder l’intégralité de vos parts ou seulement une partie, vous pouvez ne vous séparer que du fonds de commerce ou au contraire réaliser une transmission temporaire au moyen de la location-gérance de ce dernier. Il existe une multitude de façons de perpétuer votre affaire après votre départ, d’où l’importance d’agir en connaissance de cause en étant bien accompagné.
3. Faites-vous accompagner par des professionnels
Il existe une mosaïque d’acteurs spécialisés dans le conseil aux chefs d’entreprise souhaitant réaliser une cession. Parmi les acteurs publics et selon le domaine d’activité en question, on peut citer les Chambres de commerce et d’industrie (CCI), les Chambres des métiers et de l’artisanat (CMA), les Chambres d’agriculture. Les acteurs privés et parapublics ne manquent pas non plus : outre les experts-comptables et les cabinets de conseil, vous pouvez compter sur l’accompagnement de réseaux d’entrepreneurs tels que l’association Cédants et Repreneurs d’Affaires, Initiative France, les équipes locales BGE ou encore le Réseau Entreprendre.
Il est très utile de recourir à des prestataires extérieurs pour remplir les tâches chronophages de la cession, en particulier la préparation du dossier de présentation de votre entreprise, le “mémorandum d’information”. Ainsi, vous ne perdez pas de vue que votre entreprise doit être gérée correctement jusqu’à la dernière minute de votre direction.
4. Maximisez le prix de cession
Un cabinet de conseil peut se charger de la réalisation du diagnostic de la valeur de votre affaire, diagnostic immanquablement plus objectif que le vôtre, afin d’écarter toute surprise le moment venu et de demander un prix de cession défendable lors de la phase de négociation. Ce diagnostic tient d’abord compte de l’état du marché : balance entre offre et demande, nombre et parts de marché de vos concurrents, perspectives économiques du secteur, etc.
Il comprendra également la santé financière de votre entreprise, le nombre de clients, l’état du carnet de commandes. A ce titre, il est primordial de ne pas réaliser de dépenses superflues avant une cession, afin de présenter une trésorerie excédentaire. Veillez enfin à ce que les factures des fournisseurs et des clients soient honorées, le contraire se traduisant par un mauvais effet de signal envoyé aux potentiels acquéreurs. La maîtrise des flux généraux sur plusieurs années est essentielle, le prix de cession étant impacté par les résultats de vos derniers exercices. D’où l’impératif de s’y prendre à l’avance !
5. Diffusez largement votre annonce de cession
Le temps est venu d’annoncer au monde économique votre décision de transmettre votre affaire. Le premier canal de diffusion reste le bouche-à-oreille, surtout si vous évoluez dans un secteur favorable à la promiscuité : il n’est pas toujours nécessaire de chercher bien loin, y compris chez vos concurrents !
Vous avez également à votre disposition un nombre conséquent d’outils en ligne pour publier votre annonce. Les CCI regroupent les offres de reprise des entreprises relevant de leurs compétences sur le site TransEntreprise, à l’instar des CMA, pour les activités artisanales, sur le site Entreprendre dans l’Artisanat. Dans une même volonté de regrouper les annonces de cession, les Chambres d’agriculture ont élaboré l’outil “Trouver une exploitation”, intégré directement à leur site.
Enfin, vous pouvez compter sur les bourses de reprise d’entreprises. Bpifrance gère la Bourse nationale de la transmission d’entreprises, véritable centralisation des quelque 45.000 projets de cession reçus par divers organismes comme CessionPME, Transmibat ou encore Place des Commerces. Une bourse régionale peut aussi exister sur votre territoire. Ne faites pas l’impasse sur cette opportunité de trouver un repreneur local !
6. Cherchez patiemment le bon repreneur
La cession d’entreprise peut entraîner une certaine impatience chez le cédant, dans une volonté d’en finir au plus vite et de passer à autre chose. Ce serait cependant une grave erreur de succomber à l’empressement. Bien au contraire, parce que vous aimez votre entreprise, vous chercherez à identifier le profil-type du repreneur idéal : plutôt manager ou technicien, ingénieur ou commercial, etc.
Ne vous jetez pas sur la première offre reçue, attendez qu’une concurrence entre repreneurs potentiels s’installe pour obtenir un prix de cession le plus proche possible de vos espérances. Là encore, l’accompagnement par un professionnel pour départager les offres de reprise peut s’avérer très utile. N’oubliez pas enfin que montrer une trop grande impatience peut susciter des interrogations chez les acheteurs, comme si vous souhaitiez vous débarrasser de “la patate chaude” avant de vous brûler les doigts. En ces temps économiques assez incertains, sachez au contraire être rassurant face aux candidats à la reprise.
7. Négociez efficacement le protocole d’accord
Une fois le repreneur sélectionné, le document juridique le plus important doit être rédigé : le protocole d’accord. C’est ce dernier qui détaillera la marche à suivre avant que ne soit signé l’acte de cession lui-même, plusieurs semaines après cette étape-clé, en même temps que l’audit de votre entreprise qui s’assurera de la véracité des informations transmises. Encore une fois, être assisté d’un professionnel est un réel avantage pour analyser le projet de protocole présenté par le repreneur.
Restez vigilant sur le prix fixé ainsi que sur les modalités de paiement afin d’éviter une déconvenue. Vous devez également faire remonter les contrats signés en votre nom propre et que l’acquéreur devra conclure à son tour le moment venu. Enfin, la garantie d’actif et de passif devant être annexée au protocole d’accord, assurez-vous de bien vérifier dans quelles conditions vous aurez à indemniser le repreneur des possibles conséquences négatives de votre gestion.
8. Accompagnez la transition
Félicitations, vous avez signé l’acte définitif de cession de votre entreprise ! Avant de voguer vers de nouveaux horizons, le savoir-être vous recommande vivement d’accompagner le nouveau dirigeant dans son installation. Vous aurez pu organiser, au moment de la conclusion de l’accord, une première rencontre entre le repreneur et vos salariés afin de favoriser la transition dès ses débuts – et de vérifier en passant que vous aurez fait le bon choix. Une pareille attention est également appréciable avec vos fournisseurs et vos clients.
Vous pouvez aussi transmettre vos savoir-faire, gages de la réputation de l’entreprise que vous aurez bâtie pendant de nombreuses années et qui pourra ainsi perdurer. Toutes ces manifestations de votre attachement pour votre entreprise et de la confiance que vous accordez à son repreneur peuvent être intégrées dans un véritable contrat d’accompagnement, formalisation juridique de plus en plus utilisée par les cédants. C’est aussi le moment pour vous de réfléchir plus avant à votre avenir, tant professionnel que personnel. À vous la retraite ? Ou encore une petite aventure entrepreneuriale ?
Source : https://www.capital.fr/votre-carriere/entreprendre-8-conseils-pour-transmettre-votre-societe-1460880