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3 questions à Guillaume Cairou, Président du Club des Entrepreneurs

3 questions à Guillaume Cairou, Président du Club des Entrepreneurs

Guillaume Cairou, vous êtes présent régulièrement dans différents médias (Europe1, BFM TV, LCI, …), qui êtes-vous ? Pourriez-vous vous présenter et décrire vos différents engagements ?  

Même si ce n’est pas l’exercice que je préfère, je vais me plier aux présentations :

Alors que tous mes proches me prédisaient l’échec, je me suis lancé.  Après avoir travaillé à Londres, où le freelancing était très développé, j’ai vite été conduit à développer cette nouvelle forme d’emploi en France dès 2004. Passionné par l’innovation, j’ai créé une société qui regroupe différents professionnels en recherche de missions.

L’idée ainsi lancée, mon entourage n’a cessé de me dissuader de la concrétiser. J’ai entendu à longueur de temps des invectives m’expliquant que je ne maîtrisais pas le cœur de cette profession, etc.

J’ai ainsi pris le taureau par les cornes et revendu ma voiture pour avoir un apport. J’en ai obtenu 7 500 euros. Un investissement modeste à l’image de mes conditions de travail. Aujourd’hui, la plupart des personnes qui me parlent de Didaxis que j’ai fondé, ont du mal à comprendre que ce Groupe ait d’abord été une belle idée lancée depuis mon appartement personnel, sur une chaise idéale bancale et une table de camping. Si petite d’ailleurs, qu’une feuille A4 ne tenait pas dessus.

Je me suis alors lancé dans l’aventure de l’entrepreneuriat à partir de mon ordinateur portable qui avait dix ans et qui ramait…

Les présentations sont désormais faites !

Vous savez, je ne suis pas sur les plateaux télé pour être sur les plateaux télé, mais parce que j’ai des convictions solides. Je ne cherche ni la visibilité ni la notoriété. Je suis convaincu que l’entrepreneuriat est un sport de combat. À cet égard, je veux convaincre les français qu’ils doivent croire en eux. C’est dans les projets qu’ils porteront qu’ils se réaliseront et préfigureront ainsi la croissance pérenne de demain. Pour cela, les pouvoirs publics doivent tout simplement les y encourager. C’est parce que pour moi, tout a commencé de rien, que je suis convaincu que tous les Français peuvent réussir sans ressources imaginées au départ. Rappelons-nous utilement à cet égard, les propos de Michael Dunlop qui « si vous commencez avec rien et que vous finissez avec rien, vous n’avez donc rien à perdre ».

En tant que dirigeant d’entreprise français, j’estime qu’il est de mon devoir d’afficher une confiance dans l’économie qui m’a donnée les moyens de réussir. Cela ne m’empêche pas d’être réaliste sur la nécessité de faire en France les réformes structurelles qu’ont accomplies nos voisins depuis des années et c’est le message que je cherche à faire passer dans les médias.

Je suis convaincu que ce qui fait la force d’une économie c’est la confiance qu’on lui porte. En ayant si peu confiance en leur économie, les français la fragilisent et c’est regrettable, car c’est un phénomène assez spécifique à la France.

Quand un chef d’entreprise n’a pas confiance en la santé de son pays pour des raisons plutôt psychologiques, il investit moins. Voilà pourquoi je répète dans les médias qu’il faut combattre ce climat ambiant !

D’après vous quels sont les nouveaux modèles économiques de demain ? 

Je crois beaucoup au développement des nouveaux modèles économiques pour permettre à la France de retrouver le chemin égaré de la croissance. Les nouvelles formes d’emploi et de travail comme le portage salarial, les nouveaux modes de travail comme le coworking, les incubateurs, les pépinières, mais aussi les réseaux et plateformes d’experts sont autant de moyens de redonner aux français le bien être perdu au travail. C’est le meilleur moyen de leur redonner l’espoir, l’espoir d’un épanouissement et d’une réconciliation entre leur vie personnelle et professionnelle.

Évoquer les nouveaux modèles économiques, c’est immanquablement évoquer les Fablabs dont je suis convaincu qu’ils sont l’avenir industriel de la France. C’est cette conviction qui me conduit à refuser le discours fataliste ambiant sur le déclin de l’industrie française. D’abord parce qu’ils incarnent l’entrepreneuriat accessible à chacun. Ensuite, parce qu’ils incarnent un entrepreneuriat de proximité, ce qui répond aux exigences du développement durable et aux attentes des collectivités de réindustrialiser leur territoire en profitant des talents locaux.

Le socle industriel de notre pays a beaucoup souffert. Il convient de lui donner un nouvel élan. Ce nouvel élan, les collectivités peuvent l’impulser par le développement de ces Fablabs.

La France est trop frileuse face à la révolution des nouveaux modèles économiques qui sont pourtant une opportunité extraordinaire de distancer nos compétiteurs internationaux. Le marché industriel français peut renouer avec la croissance. Encore faut-il avoir le courage de miser sur ces nouveaux modèles économiques, illustrations parfaites des circuits courts et de l’économie circulaire.

Les mutations technologiques comme l’impression 3D, en passant par les nouveaux comportements des consommateurs à la récupération des déchets, renforcent ma conviction.

Je vais vous dire très franchement les choses : c’est se tromper que croire qu’on sortira de cette situation avec les mêmes solutions que celles utilisées hier.  Entre 1999 et 2013, nous avons perdu plus de 40 % de nos parts de marché à l’exportation au plan mondial.

Nous avons été les inventeurs de la première révolution industrielle. Nous pouvons être les inventeurs de la prochaine à condition que nous misions sur ces nouveaux modèles économiques.


Que pourriez-vous transmettre comme messages aux membres de la Jeune Chambre Economique Française qui peuvent s’interroger sur la mise en place et la création d’actions en lien avec ses nouveaux modèles économiques ? 

4 choses très claires : Foncez ! N’hésitez plus ! Lancez-vous ! N’attendez plus !

Disons-le, notre pays a besoin de libérer les énergies positives dont il est doté. Il a besoin de favoriser la prise de risques parce que le plus grand risque c’est de ne pas en prendre. C’est ce que, avec d’autres organisations patronales et entrepreneuriales que vous avez citées, nous tentons de faire.

J’estime d’ailleurs à cet égard que nous devons nous battre pour que ne soit plus stigmatisé l’échec en France.  C’est ce que je tente de combattre à la tête du Club des Entrepreneurs en démontrant qu’il est possible de réussir dans notre pays en prenant des risques.

Surtout, ce à quoi nous veillons avec Pierre Gattaz, Thibault Lanxade au sein du MEDEF c’est à ce que les jeunes porteurs de projets qui peuvent être de prime abord dissuadés de se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise le fassent en France et non pas à l’étranger à l’heure où nos voisins ne se privent pas pour draguer ces hauts potentiels dont nous aurions tort de nous priver.

Il faut être clair : les nouveaux modèles économiques peuvent sauver l’emploi, à condition de l’encourager ! Le problème en France, c’est que les aides à la création d’entreprise existent, mais que leur complexité rend l’aventure entrepreneuriale particulièrement périlleuse.

Les Américains ont très tôt misé sur les nouveaux modèles économiques. Ce sont les premiers à avoir misé sur ce qu’ils appellent l’OMC, le « One-Man Company ». Les entreprises d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec celles d’hier. Elles n’ont rien à leur envier non plus. La réalité du XXIe siècle, c’est une économie composée à 80% de services de plus en plus souvent incarnés par la personnalité d’un entrepreneur. La société entrepreneuriale que j’appelle de mes vœux, c’est une société dont j’ai conscience qu’elle sera tirée vers le haut par des personnalités individuelles qui auront su croire à leurs idées en les concrétisant notamment sur la base de ces nouveaux modèles économiques… et de ceux qu’ils restent à créer !

Les français sont un vivier exceptionnel de talents insuffisamment valorisés. Ils sont encore bien trop souvent découragés par de mauvais conseilleurs qui ne sont d’ailleurs jamais les payeurs, mais qui n’ont aucun complexe à les dissuader de créer leur propre entreprise !

Les français doivent être incités à créer, à innover, bref à se lancer !

Guillaume CAIROU – fondateur du Club des Entrepreneurs et créateur de la Sté Didaxis

Article original de la Jeune Chambre Economique Française – Le Mouvement des Jeunes Citoyens Entreprenants