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Interview de Guillaume Cairou – Créer un million d’emplois grâce au travail indépendant, c’est possible !

Interview de Guillaume Cairou – Créer un million d’emplois grâce au travail indépendant, c’est possible !

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Entreprenante, intrépide, talentueuse…et indépendante ! C’est cette France que Guillaume Cairou, PDG de Didaxis, acteur majeur de l’emploi en France, a choisi de dépeindre dans son nouvel ouvrage. « Tous indépendants. Créer un million d’emplois, c’est possible ! » est un vibrant et optimiste plaidoyer en faveur de l’initiative individuelle. À la clef, ce sont 1 million d’emplois qui peuvent être créés à l’horizon 2025.

 

  1. 50% des Français veulent se lancer en indépendant. Qui sont ces Français tentés par l’aventure de l’indépendance ?

Il est assez difficile d’avoir des chiffres exacts quant au travail indépendant, tant cette forme d’emploi recouvre des statuts différents. Seule l’INSEE est en mesure de faire ce travail d’échantillonnage aussi colossal que précis. Selon le dernier recensement qui date de 2014, les indépendants représenteraient 10% de la population active.

Or, la réalité est aujourd’hui toute autre ! Pour la Fédération des Entreprises de Portage Salarial, qui a mené une enquête en partenariat avec l’IFOP au printemps 2017, 26% des actifs se considèrent comme des indépendants.

Le travail indépendant a de multiples visages : hommes et femmes, jeunes et seniors, et même les salariés y recourent, que ce soit en tant qu’activité principale ou de complément.

 

  1. Comment expliquez-vous cet engouement pour le travail indépendant ?

Le travail indépendant a été fortement encouragé par la création du statut d’autoentrepreneur et encouragé par l’émergence de l’économie numérique. Pas étonnant donc, que le travail indépendant soit en plein boom dans le secteur des transports notamment avec l’émergence des VTC.

Néanmoins, il ne faudrait pas réduire le travail indépendant à la fameuse « ubérisation » qui est souvent dénoncée, à juste titre. Il se nourrit également de l’essor du consulting, qui est une activité à forte valeur ajoutée.

Je dirais aussi que l’engouement du travail indépendant se comprend par l’évolutions des modes de vie et surtout des aspirations des Français. Ils ont soif de liberté, de devenir leur propre patron et de s’épanouir dans une activité qui leur permet de concilier vie professionnelle et vie personnelle. Ce à quoi le travail indépendant répond parfaitement.

Il s’agit d’une tendance sur le marché de l’emploi mais qui traverse globalement toutes les strates de notre société. Et cette dynamique n’est pas près de s’essouffler, au contraire ! Reste à sécuriser ces freelances en leur proposant un statut protecteur.

 

  1. Justement, vous plaidez tout au long de votre ouvrage pour une meilleure protection sociale des travailleurs indépendants. Pourquoi ?

Selon moi, il est urgent de créer un cadre juste et protecteur pour les indépendants : il faut que ces Français entrepreneurs puissent vivre décemment de leur travail et éliminer les risques à l’exercice de leur activité. Ils ne doivent pas être les laissés pour compte du marché de l’emploi.

C’est en injectant de la sécurité et de la confiance, que l’on fera du travail indépendant, l’un des leviers de la création d’emploi. On parle d’un million d’emplois d’ici 2020, ce n’est pas rien au vu du contexte actuel !

 

  1. Est-ce à dire que le salariat est mort ?

C’est une vision caricaturale et ce n’est absolument pas mon propos. L’essor du travail indépendant ne signifie pas que le salariat est mort ou que chacun va devenir indépendant du jour au lendemain. Je souhaite au contraire que les citoyens aient le choix grâce à des alternatives protectrices en phase avec les mutations de la société. 

Tout l’enjeu est de créer des passerelles afin de sécuriser et fluidifier le passage entre les parcours professionnels qui ont vocation à être de moins en moins linéaires. Les Français ne veulent plus choisir entre le salariat et l’entrepreneuriat : ils veulent pouvoir créer et développer les projets qui leur tiennent à cœur et ce, avec

C’est ce à quoi je m’emploie depuis 2004, date où j’ai créé Didaxis, pionnier du portage salarial, un statut qui permet de lancer son activité tout en bénéficiant des avantages du salariat. 10 000 personnes ont pu créer durablement leur propre emploi ! Preuve qu’il existe des formes de travail innovantes, à la fois autonomes et protectrices qui permettent de créer de l’emploi, mais aussi de réenchanter notre manière de travailler. C’est de ce nouveau souffle dont nous avons tous besoin aujourd’hui !

 

  1. Votre ouvrage propose un tour d’horizon du travail indépendant à l’étranger. De quelles mesures pouvons-nous nous inspirer ?

De manière prioritaire, je pense qu’il faudrait soutenir les indépendants sur le plan fiscal comme au Royaume-Uni où les indépendants sont considérés comme une force nationale. Nous pourrions également élargir l’accès au travail indépendant comme en Allemagne où, chacun est libre de se lancer pourvu qu’il respecte la loi et s’acquitte de ses obligations fiscales.

Je trouve également très intéressant le modèle suédois qui garantit une forte protection sociale des indépendants. Le pays mise également sur la formation : les jeunes peuvent suivre des cours de création et de gestion d’entreprise au collège et lycée.

L’école et l’éducation ont des rôles clefs à jouer afin de changer notre regard sur le monde de l’entreprise et l’entrepreneuriat. Il faut faire rentrer l’entreprise dans les salles de classe, et ce de manière aussi concrète qu’enthousiasmante ! Il faut que l’entrepreneuriat, qui véhicule des valeurs positives d’engagement, de dépassement de soi, devienne une seconde nature. C’est d’ailleurs l’une des 10 propositions que je fais dans mon ouvrage : et si on enseignait l’initiative individuelle à l’école comme une langue vivante ?

Il s’agit d’encourager la dynamique entrepreneuriale qui est très présente chez les jeunes : 40% des 18-24 ans se considèrent comme des indépendants (IFOP-FEPS 2017). Les travailleurs indépendants de demain sont les jeunes d’aujourd’hui.