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Hollande s’agace contre le « problème de langage » de Gattaz

Hollande s’agace contre le « problème de langage » de Gattaz

Dans son interview au Figaro lundi, le patron du Medef qualifiait de « catastrophique » la situation de la France.

La réponse du berger à la bergère. Le chef de l’Etat s’en est pris sans détour au président du Medef, Pierre Gattaz, à l’occasion d’un dîner avec l’association de la presse présidentielle lundi soir à Paris. Le matin même dans Le Figaro, le patron des patrons avait jugé que la situation économique de la France était « catastrophique », que, si elle était une entreprise, « elle serait proche de la mise en liquidation », qu’il n’y avait plus d’investissements et plus d’embauches. Alors que le chef de l’Etat n’a de cesse d’assurer au contraire que la reprise est là, même si elle reste timide…

« Ce n’est pas la première fois qu’il fait ce type de déclaration » a lancé le président. A chaque fois, je lui ai dit : « Qu’est-ce que vous cherchez ? Si vous l’avez signé (le pacte de responsabilité NDLR), c’est parce que vous pensiez qu’il allait dans la bonne direction. Si vous dites que c’est sans effet sur la France, comment voulez-vous donner confiance aux entreprises et aux français ? Comment voulez-vous que les entreprises investissent ? » François Hollande a dénoncé un « problème de langage » : « Ce langage-là doit changer, a-t-il martelé. Il y a un problème d’expression qui peut avoir des conséquences économiques ». Avant d’ajouter, agacé : « Il est très important sur le plan économique qu’il puisse y avoir, au moins, la prise en considération de ce qu’il s’est fait », comme la baisse des charges en faveur des entreprises. « Ce n’est quand même pas moi qui ai porté un badge « Un million d’emplois » ! » a-t-il ironisé.

« Rien de choquant »

Dans la même veine, l’ancien ministre des Finances Pierre Moscovici – candidat au poste de commissaire européen aux Affaires économiques – s’est agacé hier sur Europe1 : « Il a tort de parler comme ça, Pierre Gattaz. C’est un homme qui a sa sincérité, mais il faut qu’il soit conscient que ce dont manque la France, c’est de la confiance. » Et de fustiger cette tendance à dénigrer notre pays, alors qu’il faut plutôt insuffler un souffle positif.

C’est loin d’être la première fois que l’exécutif s’énerve sur un patron du Medef qui ne mâche pas ses mots. Récemment encore, alors que le patronat s’interrogeait sur sa participation à la conférence sociale début juillet, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, tenait le même discours : « Pierre Gattaz en fait beaucoup trop. On est dans une situation économique où on demande des efforts à tout le monde, on ne peut pas avoir des patrons qui n’arrêtent pas, comme ça, de faire de la surenchère. »

Il n’y a pas que du côté de l’exécutif que Pierre Gattaz agace. Dès lundi, le FO réagissait avec virulence : les propos du président du Medef « relèvent de la posture et du dogme libéral qui frisent l’aveuglement », a estimé son secrétaire général, Jean-Claude Mailly, situant cette posture « entre thatchérisme et poujadisme ».

« En disant des vérités, on ne se fait pas que des amis », murmure-t-on au sein du patronat. « Les déclarations de Pierre Gattaz n’ont rien de choquantes. Elles sont le reflet d’une réalité qu’il convient de regarder en face », a réagi hier le Club des Entrepreneurs, qui a déploré « l’hostilité inutilement agressive promue par certaines personnalités politiques ».

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