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Portés par une nouvelle génération de créateurs d’entreprise, les réseaux d’entrepreneurs se multiplient. Leur objectif : sortir les porteurs de projet de leur isolement. Fantasme ou réalité ?

« Club des entrepreneurs super héros, ça le faisait grave ! Où sont-ils ? »

Cofondateur du Cercle des jeunes entreprises (CJE), Laurent Allias se souvient de son arrivée dans la capitale il y a quelques années. « Avec Richard [Lévy, l’autre cofondateur du CJE, ndrl] nous ne connaissions personne, explique le jeune homme. Nous venions de monter notre boîte et nous étions frustrés de ne pas rencontrer d’autres entrepreneurs ». Les deux hommes frappent alors à la porte d’un club de dirigeants, mais ils le trouvent déconnecté de la réalité des jeunes créateurs d’entreprise. « Il manquait de dynamisme », regrette Laurent Allias. Un soir, autour d’un verre, les deux hommes décident alors de monter leur propre réseau. Le CJE voit le jour en 2009. Aujourd’hui, l’association réunit plus de 3000 chefs d’entreprise, décideurs, investisseurs… et organise régulièrement des tables rondes à Paris et en province. « A l’époque où le CJE a été créé, il n’y avait pas vraiment de dynamique autour de l’entrepreneuriat », indique Laurent Allias, ‎aujourd’hui directeur de l’agence Cabarey. Mais aujourd’hui, la donne a bien changé. »

Porté par le succès du statut d’auto-entrepreneur, le nombre de créations d’entreprise a quasiment doublé depuis 2006. La France est même championne du monde en la matière ! Stimulés par cet afflux de sang neuf, les réseaux d’entrepreneurs se sont multipliés en l’espace de quelques années. On en dénombre aujourd’hui plus d’un millier, répartis sur toute la France. A côté des organismes d’accompagnement à la création d’entreprise, comme l’Agence pour la création d’entreprise (APCE) ou le réseau des Chambres de commerce et d’industrie (CCI), ont germé toute une myriade de clubs d’entrepreneurs, dont l’objectif premier est de sortir les porteurs de projet de leur isolement. La plupart de ces clubs sont généralistes, comme le CJE ou le Club des entrepreneurs ; quelques-uns sont thématiques (Club des entrepreneurs sociaux, Femmes entrepreneurs) ou dédiés à une région (Sud entreprendre). Pas besoin d’être coopté : ces réseaux sont généralement ouverts à tous.

L’union fait la force

Objectif commun à toutes ces associations ? Favoriser les rencontres – et plus si affinités. « Notre réseau se veut d’abord un lieu d’échanges, explique Guillaume Cairou, président du Club des Entrepreneurs et fondateur du groupe Didaxis. Il vise à mixer des entrepreneurs déjà expérimentés avec des populations plus néophytes. » Les jeunes entrepreneurs peuvent ainsi profiter de l’expérience de leurs aînés. En plus de multiplier des ateliers thématiques autour de l’entrepreneuriat, l’association, qui revendique plus de 18000 membres, cherche à favoriser le tutorat et le mentorat des jeunes pousses par des « anciens ». « Je suis moi-même mentor, explique Guillaume Cairou. Je le définis comme un dialogue d’égal à égal entre deux entreprises. C’est enrichissant pour les deux parties. » De ces échanges informels peuvent naître des relations plus business : « J’ai rencontré mes associés au CJE ! », fait valoir Laurent Allias.

En plus de faire fructifier son carnet d’adresses, ces réseaux servent également à mettre en contact porteurs de projets et investisseurs. Investir dans une PME est « tout bénef’ » pour ces derniers, puisqu’ils peuvent bénéficier d’une réduction du montant de l’ISF pouvant s’élever jusqu’à 50%, dans la limite de 45000 euros par an, ou de l’impôt sur le revenu à hauteur de 18%.

Si certains réseaux se présentent comme de simples facilitateurs de contacts, d’autres ont mis en place un véritable programme d’accompagnement des jeunes créateurs. C’est ainsi que le Réseau Entreprendre soutient des « jeunes pousses » en leur faisant bénéficier d’un accompagnement par un chef d’entreprise expérimenté, ainsi que d’un financement sous forme de prêts d’honneur pouvant aller jusqu’à 50000 euros. « Cette aide joue un effet de levier, souligne Stéphane Juan, directeur de Réseau Entreprendre du Val-de-Marne. En voyant que nous les soutenons, les banques hésitent moins à prêter à nos lauréats. » En 2013, le réseau a accompagné pas moins de 871 nouveaux entrepreneurs.

Faire le buzz

Par-delà la dimension networking, certains réseaux d’entrepreneurs cherchent à acquérir un véritable poids politique. Emblématique de ce phénomène, le mouvement des « Pigeons » : née sur Internet, cette fronde lancée par une dizaine d’entrepreneurs ultra-connectés a réussi en l’espace de quelques jours à faire reculer le gouvernement sur la question des plus-values de cession. Sur le même créneau, le Club des entrepreneurs veut lui aussi faire entendre sa voix. « Nous organisons des rencontres régulières avec les pouvoirs publics afin de les sensibiliser à la situation de l’entrepreneuriat en France, fait valoir Guillaume Cairou. Il est important que nous fassions le lien avec le terrain. »

A l’instar du mouvement des « Pigeons », l’avenir des réseaux se joue désormais sur la Toile. En l’occurrence, les clubs d’entrepreneurs travaillent à leur présence sur Internet et à leur visibilité sur les réseaux sociaux. Tous, ou presque, ont désormais des comptes Facebook et Twitter. « Nous avons notamment organisé en février chez LinkedIn un événement sur les réseaux sociaux professionnels et l’entrepreneuriat », fait valoir Laurent Allias.

Toujours plus nombreux, le problème des réseaux d’entrepreneurs est désormais de se faire connaître : afin d’acquérir une véritable légitimité et d’attirer de nouveaux membres, il leur faut sortir du lot. Pour leur donner plus de visibilité, Stéphanie Cassin, présidente du groupe Hubb, a lancé fin 2013 Biilink, un réseau social dédié aux femmes entrepreneurs qui met en contact associations, incubateurs et business angels. Le réseau travaille notamment avec HEC au féminin, Paris incubateurs et l’APCE. « L’avantage d’un réseau virtuel, c’est qu’il ne vous enferme pas dans un carcan, fait valoir la dirigeante. Mais nous organisons aussi des rencontres physiques. Pour les créateurs d’entreprises, notamment les femmes, il est très important d’être accompagnés. »

Aux yeux de Stéphanie Cassin, le choix du réseau est essentiel : « Pour qu’il soit utile, il faut qu’il soit mûrement réfléchi et ciblé. Certains réseaux, par exemple, sont très politisés ». Web Place des réseaux recense les groupements d’entrepreneurs par secteur d’activité ou par région, ce qui permet une première approche. A l’entrepreneur de mettre au clair ses motivations afin de frapper à la bonne porte.

Article réalisé par Catherine Quignon

Source ecoreseau.fr